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19 décembre 2017 2 19 /12 /décembre /2017 14:44
CHARNECAS DA BRETANHA-JANAIS DE BERTEGN-LANDES DE BRETAGNE

Différents regards sur les Landes de Bretagne

Meu poema-haicai em três linguas: Português/Galo/Francês

Entre dois tufos de junco

uma aranha

tecendo sua teia.

 

Entere deûz taleys de jan

Eune iragne

tésouë sa filandr.

 

Entre deux touffes d'ajonc

une araignée 

tissait sa toile.

 

(ces poèmes-haïkus trilingues sont extraits de mon Carnet poétique et ont été écrits dans la Janae ou Lande bordant le "Val sans retour" en Brocéliande - cf. aussi mes poèmes sur Brocéliande dans mes recueils de poésies Le monde en antamas (Lian, 1986) et dans mon préambule de Amor do Mar/Amour de la Mer - Encres de Vie-Harmattan, 2015.

Voilà bien un type de regard possible sur la Lande de Bretagne et justement cette magnifique exposition de l’Écomusée de Rennes du 25 novembre 2017 au 26 août 2018 n'a pas oublié le regard artistique des poètes, écrivains (différentes citations en parsèment le parcours), conteurs et peintres, notamment le peintre Lucien Pouëdras dont les œuvres témoignent de la place des landes dans la société paysanne dont il est issu. Ce peintre nous montre dans ses tableaux les landes à différentes saisons. Il a réalisé ainsi une "Mémoire des landes" de son enfance jusqu'à 1950 par des centaines de toiles qui vont du gros plan sur l'ouvrier agricole coupant la litière pour son bétail au quasi puzzle coloré du jaune des  fleurs d'ajonc (jan en galo, ce qui a donné le mot janai pour désigner la lande en galo) ou du violet des fleurs de bruyère (beruèr en galo). C'est une forme de regard artistique valorisant la biodiversité des landes bretonnes qu'il faut préserver : l'émotion que suscitent les artistes peut aider à la sensibilisation de l'importance de la préservation de cette biodiversité expliquée aussi scientifiquement comme un patrimoine vivant (sous-titre choisi par le commissaire scientifique de l'exposition François de Beaulieu qui en a aussi réalisé un livre*).

Mais ce "patrimoine vivant" est en danger puisqu'il subsiste à peine 14.000 ha de landes en Bretagne (soit 0,5% du territoire breton) alors qu'elles recouvraient 30% de la Bretagne historique avant les grands défrichages du XIX ème qui ont été accentués au XXème siècle, encouragés qu'ils étaient par une agriculture mécanique et productiviste. Lorsque dans les années 1990, j'effectuais un travail de recherche linguistique basé sur l'histoire de vie d'Ernestine Lorand à Concoret, j'avais déjà été sensibilisé à l'importance de la préservation de la lande en Brocéliande dont les terres avoisinantes étaient favorables à la culture du "bië nair", nom galo donné au sarrasin, dont la culture bio ne nécessite aucun engrais ni désherbage, alors que dans les années 1990 on devait en importer pour faire la célèbre galette du pays galo (à noter que dans le Finistère, on parle de crêpe de froment à la farine blanche). Pour le botaniste il y a quatre grands types de landes : les landes sèches, moyennement humides, humides et tourbeuses. L'agriculture traditionnelle avait contribué à maintenir la pauvreté du sol des landes par la fauche et le pâturage, mais ces landes n'en étaient pas moins riches d'une flore et d'une faune originale. 

Une biodiversité à préserver 

Une lande ou janai en galo, est caractérisée par la présence de plantes comme l'ajonc ou jan en galo (plantes à piquants et aux fleurs jaunes d'où par exemple le nom de "Jaunouse" donné à une lande au sud de Fougères), la "bruyère" ou "beruèr" en galo donnant sa couleur mauve à la lande. La "moliniée" ou "ganche" en galo était ramassée à l'automne lorsqu'elle avait séché pour faire des paniers. Quant au genêt ou "balai" en galo, aux fleurs jaunes, il servait à la confection de balai. De multiples usages valorisaient ainsi les plantes: le genêt ou l'ajonc pouvaient aussi servir dans la fabrication de toiture de maison ou d'abris pour les moutons des landes et les petites vaches que gardaient les "patous" tout en confectionnant des "jouets buissonniers" (sifflet, toupie...).

La faune des landes est tout aussi riche puisque des chercheurs ont révélé, par exemple, la présence de plus de 120 espèces de papillons de nuit sur quelques hectares, car la lande reste l'un des rares milieux qui ne subit pas de pollution par les insecticides. N'oublions pas non plus de citer les nombreuses araignées qui filent leurs toiles, notamment autour des ajoncs. On y trouve donc aussi de nombreux oiseaux comme le pipit farlouse pas plus gros qu'un moineau, à ne pas confondre avec le petit béruchet. le busard qu'on appelle aussi en galo le "Jan des Landes", ainsi que le bruant jaune qu'on appelle le jaonerot en galo ! L'été, les petits lézards vivipares et la vipère péliade font aussi partie des rencontres possibles près des rochers. Les saotriqhets ou sauterelles y sont aussi présentes tout comme le lapin.

Un article ne suffit pas pour résumer la grande richesse scientifique et culturelle de cette exposition qui s'attache aussi à décrypter les liens qui unissent les landes à la société paysanne, notamment en présentant les particularités naturalistes, ainsi que les données ethnologiques et historiques du système agricole de la Bretagne. Ayant participé le dimanche 17 décembre à une très intéressante visite commentée de celle-ci à l’Écomusée du Pays de Rennes, je vous recommande la prochaine visite guidée le 21 janvier de 17h à 18h en réservant au 02 99 51 38 15

ou sur le site www.ecomusee-rennes-metropole.fr

Christian LERAY, poète et sociolinguiste

Président de l'Association de Recherche sur les Histoires de Vie (AREHVIE-Bretagne)

cf. Page facebook bilingue BrasilBreizh :

https://www.facebook.com/BrasilBreizh

Livres recommandés : 

*François de Beaulieu, Landes de Bretagne - Un patrimoine vivant, Rennes, Locus Solus, 2017

François de Beaulieu, Lucien Pouëdras, La Mémoire des Landes en Bretagne, Skol Vreizh, 2014.

 

 

 

 

LANDE & BIODIVERSITE

En complément à mon article, je voudrais faire référence à l'émission de la Télévision France2 dimanche 14 janvier intitulée "Abeilles: to bee or not to be" : un titre en forme de jeu de mot (bee, c'est une "abeille" en anglais), mais un jeu de mot pour une question sérieuse : la vie serait-elle possible dans un monde sans abeilles ? Leur déclin, qui a commencé dans les années 90, est mondial et a de multiples causes: parasites, pesticides, moindre diversité des fleurs ... En France, en 15 ans, la mortalité des colonies d'abeilles a atteint 30%. Un apiculteur vendéen se bat depuis 20 ans pour faire interdire des insecticides tueurs d'abeilles. Avec Roch, un apithérapeute, l'émission nous emmène chez les descendants des Mayas au Mexique, mais aussi à Cuba: l'un des seuls endroits au monde où les abeilles sont préservées (d'après les scientifiques, elles ont été préservées des insecticides suite à l'embargo américain qui a bloqué l'approvisionnement de l'île !). Pas étonnant donc que nos Landes bretonnes, plus ou moins à l'abri de l'épandage d'insecticides, ont, dans certains endroits de la Bretagne, une biodiversité telle que les scientifiques y aient découvert plus d'une centaine d'espèces de papillons de nuit ! PRESERVONS DONC LE PEU QU'IL NOUS RESTE DE LANDES EN BRETAGNE !

Christian LERAY, poète et sociolinguiste associé au CERESIF

Président de l'Association de Recherche sur les Histoires de Vie (AREHVIE-Bretagne)

Vice-Président des Associations internationales ASIHVIF (Associação internacional sobre HISTORIA de Vida em Formação) et "L'Arbre à Palabres" (E.P.A.)

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commentaires

F
Gostei da seu poema-haicai : ele fala da aranha e esse bicho faz parte também da biodiversidade
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C
Muito obrigado Ferreira pelo comentàrio : eu escolhei, no meu caderno de poesias, o meu poema-haicai em três linguas (Galo-Português-Francês) que fala da aranha porque tem uma parte importante da exposição que fala da BIODIVERSIDADE dos bichos, por exemplo os insectos assim que as borboletas da noite (mais de 120 na Bretanha, seguinte uma pesquisa cientifica). Muitas pessoas têm medo das aranhas, mas elas fazam, também, parte desta diversidade a preservar ! Agora tradução pelas Amigas e pelos Amigos da França :<br /> - Traduction du commentaire de Ferreira : "J'ai aimé le poème-haïku: il parle de l'araignée et cet animal fait aussi partie de la biodiversité"<br /> -ma réponse : Merci beaucoup Ferreira pour votre commentaire: j'ai choisi dans mon carnet de poésies, un poème-haïku en trois langues (Galo-Portugais-Français) qui parle de l'araignée parce qu'il y a une partie importante de l'exposition qui parle de la BIODIVERSITÉ animale dans les landes, par exemple les insectes comme les papillons de nuit (plus de 120 dans la lande bretonne, selon une enquête scientifique). Beaucoup de personnes ont peur des araignées, mais elles font partie aussi de la diversité à préserver! J'ajoute ici que c'est en me rendant à Concoret, en plein pays de Brocéliande, pour mes recherches linguistiques sur les alternance de langues à partir de l'histoire de vie d'Ernestine Lorand (cf. mon livre "Une histoire de vie en pays gallo", Edition L'Harmattan, 1995) que j'ai écrit mon poème-haïku intitulé Brocéliande paru dans mon livre de poésies bilingues LE MONDE EN ANTAMAS, poème écrit spontanément sur mon carnet suite à mon émotion en découvrant les "jans" (ajoncs en gallo) enveloppés de toiles d'araignées avec des perles de rosée qui scintillaient au soleil du matin! <br /> Cette exposition présente différents regards portés sur notre lande bretonne (scientifiques, écologiques, artistiques, poétiques...), disons que mon article commençant par mes poèmes est une manière de vous faire part de mon regard poétique porté depuis mon adolescence sur la lande bretonne.
C
Cet article m'a donné envie de voir l'exposition à l'écomusée de Rennes: en la visitant, j'y ai retrouvé tout ce qui est dit dans cet article avec en plus une ambiance agréable de cris d'oiseaux, la voix de conteurs ... Je vais la conseiller à mes amis chinois. Merci !
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C
Merci de l'appréciation Cixi ! C'est vrai que l'ambiance sonore de l'exposition, notamment avec des chants d'oiseaux, est particulièrement réussie.