RESULTATS DE L'ELECTION PRESIDENTIELLE DU 3 OCTOBRE AU BRESIL :
de gauche à droite sur la photo :
DILMA ROUSSEFF (P.T.) : 46,91 %
JOSE SERRA (PSDB) : 32,61 %
MARINA da SILVA (PV) : 19,33 %
Environ 136 Millions de Brésiliens ont voté dimanche 3 octobre 2010, non seulement pour l'élection présidentielle au suffrage universel (résultats ci-dessus), mais ils ont aussi voté pour élire les gouverneurs des 27 états brésiliens ainsi que les Députés de l'Assemblée nationale et pour certains états, ils ont voté pour le renouvellement partiel du Sénat.
En ce qui concerne l'élection présidentielle, ainsi que je le prévoyais dans mon précédent article sur mon blog christianleray.over-blog.com, le bon résultat de la candidate écologiste (Partido Verde) Marina da Silva, ancienne ministre PT (Partido dos Trabalhadores) de l'environnement du président LULA, lors de son premier mandat, a fait échouer les prévisions des sondages qui avaient indiqué que la candidate du PT soutenue par le président LULA, allait être élue dès le dimanche 3 octobre 2010. Les Brésiliens retourneront donc voter le dimanche 31 octobre 2010 et auront à choisir entre DILMA (PT, Partido dos Trabalhadores fondé par LULA, gauche) et SERRA (PSDB, Partido Social da Democracia Brasileira, centre droit). José SERRA est Gouverneur depuis 2007, de l'Etat le plus riche du Brésil (état de São Paulo situé au sud-est du Brésil qui possède la ville la plus peuplée à savoir São Paulo, capitale économique du Brésil, de près de 20 Millions d'habitants avec son agglomération), Brasilia étant la capitale du gouvernement fédéral. Ce social démocrate, centre droit, avait échoué face à LULA en 2002; José SERRA avait été précédemment ministre de la santé de l'ancien président Cardoso. C'est aujourd'hui le challenger de DILMA et ainsi, les sondages qui donnaient DILMA gagnante au premier tour, se sont-ils trompés parce qu'ils ont sous-estimé le charisme de Marina da Silva (Partido Verde) qui se positionne en arbitre et qui a bénéficié, notamment, du soutien de l'importante Eglise évangélique de l' "Assemblée de Dieu", où, symboliquement, elle est allée "se réfugier" de la pression journalistique et faire ostensiblement une "oraison pour le Brésil" plutôt que de répondre immédiatement aux sollicitations des médias avant d'aller voter. Les instituts de sondage avaient donc sous-estimé le soutien de celle-ci par une petite partie sectaire d'Evangélistes qui, en même temps, ont vraisemblablement sanctionné la proposition de libéralisation de l'avortement faite par DILMA. Cela est d'autant plus étonnant qu'au Brésil les méthodes contraceptives y sont largement divulguées, avec tolérance et décontraction, dans tous les milieux et notamment les communautés des favelas (cf. mon livre Brésil, le défi des communautés, 1986), qui montre, notamment, le travail d'éducation effectué avec des professionnels de la santé dans les communautés de base, pourtant à l'origine créées par l'église catholique. A ce propos, il y a un an, lorsque le pape Benoît XVI de l'Eglise catholique romaine avait "excommunié" des parents brésiliens catholiques (qui voulaient simplement éviter un accouchement mortel de leur petite fille) et le médecin qui avait pratiqué l'avortement sur cette petite fille violée et mise enceinte alors qu'elle avait à peine une dizaine d'années, cela avait provoqué un tollé général au Brésil et notamment de la part d'évangélistes qui, avaient, à cette occasion accru leur audience au détriment de l'église catholique, partout en perte de fidèles au Brésil. Les Brésiliens de toutes confessions religieuses, n'avaient pas en effet compris une telle attitude du pape envers une petite fille qui serait sans doute morte en accouchant, surtout que le même pape n'avait pas excommunié le violeur. Au Brésil, les petites églises évangéliques se développent dans chaque rue en prenant place parfois dans un garage - les Brésiliens les plus pauvres y trouvent une solidarité communautaire qu'ils manifestent par des chants, des danses, d'où le succès de ces pasteurs qui officient dans une sorte de dynamique festive et très chaleureuse. Mais il y a aussi un développement mercantile de quelques grosses églises évangéliques ayant pavillon sur rue avec des temples pouvant accueillir des milliers de croyants à São Paulo et dans d'autres grandes villes et celles-ci ont les moyens financiers de disposer d'orchestres, de chanteurs professionnels, de télévisions, de radios divulguant, par exemple, des scènes de désenvoûtement spectaculaires, ainsi que j'ai pu en voir à la télévision le matin. Celles-ci peuvent impressionner l'esprit de gens non éduqués et par conséquent influençables. C'est dire toute l'importance du programme d'Education mis en oeuvre par le PT dans les milieux les plus pauvres ! En ce domaine éducatif des progrès énormes ont été réalisés et si DILMA peut continuer l'oeuvre de Lula, le Brésil fera encore un bond en avant avec sa jeunesse qui est aussi un atout majeur (cf. Biographies de jeunes membres de l'Associação por Moradia Popular) lors de leur Congrès à Goiânia où nous étions invités avec le Réseau international RECit des Ecoles de Citoyens en 2008.
Christian Leray